Dans les jours à venir, les médecins généralistes pourraient être invités à utiliser un programme d’intelligence artificielle (IA) développé par Doctolib. Cette IA captera, avec le consentement du patient, l’intégralité de la consultation, triera les informations recueillies et prendra en charge la gestion administrative des dossiers médicaux. À la fin de chaque consultation, l’IA générera un rapport synthétisant les éléments principaux du diagnostic.
Une promesse de gain de temps et de concentration
L’idée derrière cette technologie est de soulager le médecin des tâches administratives répétitives, telles que la saisie des informations, afin de lui permettre de se concentrer davantage sur la relation avec le patient. La promesse : plus d’interactions directes, un regard plus attentif porté aux patients, et moins de temps passé à taper sur le clavier.
360 médecins testent actuellement cette solution, et les premiers retours sont jugés positifs, selon Doctolib. La généralisation de cette IA est prévue pour le 15 octobre.
Les risques pour la confidentialité des données de santé
Toutefois, l’introduction de l’IA dans la consultation soulève des interrogations, en particulier sur la question de la confidentialité des données. Les données médicales sont extrêmement sensibles, et leur collecte à grande échelle les expose à des risques de cyberattaques. Doctolib a déjà été victime d’un incident de ce type en 2020, avec le piratage de 6 000 rendez-vous en ligne et leurs données administratives associées.
Au-delà de ce précédent, se pose la question plus large de la confiance à accorder à une entreprise privée qui détient des informations aussi sensibles. Même si Doctolib assure que les échanges sont confidentiels, des enquêtes passées ont révélé des failles dans le chiffrement de certaines données médicales.
Une possible déshumanisation de la relation médecin-patient
Bien que cette technologie promette un gain de temps pour les praticiens, elle pourrait également entraîner des effets indésirables. En allégeant la charge administrative, certains craignent qu’elle ne pousse certains médecins à augmenter le nombre de consultations quotidiennes, au détriment de la qualité de chaque rencontre.
L’IA, présentée comme un assistant, pourrait à terme contribuer à une forme de déshumanisation de la relation patient-médecin. En dépit des bonnes intentions, il existe un risque que l’attention apportée au patient devienne plus fragmentée, malgré la promesse d’une écoute améliorée.
Une technologie qui va évoluer et se généraliser
L’implémentation de l’IA dans les consultations n’en est qu’à ses débuts. Si Doctolib commence par les généralistes, il est prévu que cette solution s’étende rapidement à d’autres spécialités. L’IA pourrait également, dans un avenir proche, jouer un rôle plus direct dans l’établissement des diagnostics, soulevant ainsi des questions éthiques et pratiques.
Un outil à utiliser avec précaution
L’IA proposée par Doctolib peut représenter une avancée intéressante pour alléger les tâches administratives des médecins, mais son utilisation doit être encadrée et pensée avec soin. La technologie, bien que prometteuse, n’est pas sans risques. Il est essentiel de garder à l’esprit le rôle central de l’humain dans la relation médecin-patient et de veiller à ce que l’IA ne devienne pas un outil qui, sous couvert d’efficacité, réduise la qualité des soins.
En tant que praticien, il est donc primordial d’aborder cette nouvelle technologie avec un esprit critique et de ne pas se laisser emporter par les promesses marketing. La prudence s’impose pour garantir que l’intégration de l’IA dans nos pratiques médicales améliore véritablement la qualité des soins sans en dénaturer l’essence.
